C’est dans le silence de l’abbaye, entourées des gargouilles comme du roucoulement des pigeons que nous est venue l’idée de choisir le thème du « silence des bêtes » pour cette huitième édition de l’association Et—Rance.

S’intéresser aux animaux n’est-ce pas une façon aussi de mieux s’intéresser aux Hommes.
Dans l’Antiquité les Hommes offraient des animaux aux dieux, leur reconnaissant un statut d’êtres animés, puis au cours des âges, ceux-ci ont été tenus pour des êtres négligeables, servant cependant d’allégorie, de symbole de repoussoir aussi, permettant à l’Homme de mieux définir son humanité.

C’est la raison qui différencie l’homme de l’animal le rend, nous le pensons, si lointain de nous par son silence, son langage se limitant au regard, à la réaction parfois à une caresse. Mais l’animal est fait lui aussi de chair et de sang, de sensations et d’émotions, exprimant à sa manière son plaisir, sa joie, souffrant de peur, de douleur comme de solitude.
C’est dans « cette même vulnérabilité » dit la philosophe E. de Fontenay à qui est emprunté le titre de cette exposition, que s’adjointent le sort des hommes et des animaux.

Les artistes réunis pour cette exposition – Laurence Forbin, Mohamed Kahouadji, Caroline du Mesnil-Parsy, Benoit Péribère Laurence Toussaint et Maëlle de Coux, chacun avec leur sensibilité et des techniques différentes de peinture de sculpture de photographie, nous livrent leurs animaux imaginaires, leurs animaux rêvés, métamorphosés ou dominés, essayant d’en percer le mystère, cherchant chez eux leur part d’humanité
Associant une série de photos à un très beau texte sonore, Céline Crezé parle de l’Homme de ses capacités à construire, créer, aimer qui le distingue de l’animal mais s’interroge sur ces sentiments ambivalents qui co-habitent en chacun de nous : la violence la perversité, la destruction et mettent l’Homme face à son animalité.
Quelle est cette bête qui est en nous se demande Céline Crezé ?
Car contempler les animaux c’est être face à une énigme, l’énigme de ces êtres que sont les animaux mais aussi de ces animaux que sont les Hommes.

Tant que l’Homme se tait, on peut penser qu’il est intelligent, doué de raison mais quand il parle ou agit rien ne l’empèche de dire ou de faire des bêtises.

Longtemps les hommes ( avec un petit h) se sont interrogés pour savoir si les femmes avaient une âme, alors on réduisait les femmes au silence……
Carole, Florence et moi ne vous en disons pas plus et vous souhaitons une très bonne visite.

Marie Annick Lorillon

Présidente de l’association Et…Rance